Parfois génial, parfois
banal, le spectacle d'un laisser-courre au cerf est varié !
Il en
va des cerfs comme des humains: certains sont plus futés
que d'autres. Un daguet peut déployer beaucoup d'imagination,une
volonté farouche pour mettre en défaut les chiens ("Daguet
tout bon, tout mauvais !"). Un dix-cors
plus âgé peut effectuer une chasse très banale et
se faire prendre rapidement. Les plus belles chasses cependant sont celles
concernant des trois ou quatrième tête, le daguet ayant tendance
à tourner en rond, et les vieux cerfs royal étant plus pesant
et gênés par l'importance de leurs bois, mais bien
plus rusés.On les manque plus souvent, et l'on est contraint à
sonner la Rosalie.
Généralement une chasse
peut durer une demi journée faire entre quinze
et soixante kilomètres, mais aussi bien moins d'une heure,
que six heures, marquées par des périodes de défauts,
ou le cerf, (et vous !) reprendrez votre souffle et admirerez le spectacle
des couleurs rouillées de l'automne, des chevaux, des habits
et parements de chasse, vous délecterez en écoutant
l'orchestre philharmonique des chiens. En Brotonne seuls
les cerfs sont chassés à courre, et les chiens sont créancés
* pour cette chasse.
Le cerf est un animal roublard avec lequel
il faut jouer serré !.
Au
départ le cerf va probablement utiliser sa vitesse bien
plus grande que celle des chiens pour se forlonger *. Quand
les chiens vont avoir empaumé * sa voie, ils vont devoir
commencer à le pousser hardiment pour le chauffer,
sans échauffer d'autres animaux qui donneraient de l'embarras
dans le change. Son sentiment deviendra alors progressivement
plus fort, mais cependant fugace, et il sera d'autant plus facile de
le discerner parmi les autres cerfs et biches, chacun ayant sa carte
d'identité olfactive.Au fûr et à
mesure que la chasse avance, son corsage semblera abondamment
mouillé de sueur, son allure moins svelte, quoi qu'il soit capable
de bondir à plus de deux mètres de haut,
et loin à plus de huit ou dix mètres !.
A cors et à cris
Ainsi
va se dérouler le laisser-courre,avec son cortège
d'émotions: succession de bien-allers, de défauts,
de rappels,
de relancers,...A chaque événement la superbe musique des
chiens bien gorgés, les sonneries des trompes de
chasses (attention pour les novices: on ne dit pas jouer du cor mais sonner
de la trompe !!!) vous renseigneront: "la vue", "le bien-aller",
"le débucher", "les abois",....La forte
voix du piqueux Rémi porte loin, et est bien utile aussi
!
Hallali !!!, Hallali !!!.
Les chiens
ont comme avantage leur endurance et leurs qualités de chasseur
pour ne pas perdre la voie. Dans cette lutte où ils perdent plus
souvent qu'ils ne gagnent, il arrive que cerf bien poussé, soit
forcé, que sa silhouette s'affaisse, et qu' il abandonne la partie,
c'est alors l'hallali courant, ou couché, et les abois.
Alors retentit le roulement continu des voix des chiens La conclusion
doit durer le moins de temps possible: le but d'un match n'est pas toujours
le meilleur moment à retenir. Le cerf non déjà étouffé
par les chiens va être servi pour achever rapidement l'issue.
La curée est la récompense
des chiens.
Dernière
phase du courre réussi, le cerf est dépouillé, les
meilleurs morceaux recueillis, les reste est offert aux chiens pour leur
motivation. Un jeune enfant généralement, à cheval
sur la dépouille, balance le trophée de droite et
de gauche vers les chiens tenus à distance par le piqueux et son
fouet (malheur au désobéissant !) pour les tenir en respect.
Simultanément retentissent les trompes qui vont retracer
la manière dont la chasse s'est déroulée,
avec "Les honneurs" pour rendre hommage au cerf et à
Saint Hubert ("père des veneurs"), comme depuis
les Carolingiens.Le pied de l'animal, découpé avec le cuir
entrelacé de la jambe est offert à une personne de l'assemblée.
En
quelques minutes dès que le fouet du piqueux se baisse les plus
forts des chiens vont s'accaparer les meilleures parties, se défier
babines retroussées, chacun va escalader la mêlée
pour récupérer sa part.
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